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SUR LE PARMÉNIDE.

la grammaire et l’analogie imposeraient à Schleiermacher, pour autoriser la leçon qu’il propose, ἐν πᾶσιν, comme plus haut, ἐν ἑϰάστῳ, et non pas ἐπὶ πᾶσιν. Avec Bekker et Heindorf, je lis ἓν εἶναι ; je mets une virgule après εἶναι, et je fais dépendre ἐπὶ πᾶσιν, qui précède immédiatement, ἀεὶ ὄν τὸ αὐτό.

Quant à la comparaison : Comme le jour, tout en étant un seul et même jour, est en même temps dans beaucoup de lieux, etc., etc., Proclus (tome V, p. 101) ne doute pas que cette comparaison ne soit tirée de Zénon lui-même ; mais il n’en donne que des raisons vagues et générales, sans aucune valeur historique ; il ne s’appuie sur aucune autorité. Je ne vois pas non plus pourquoi Schleiermacher, qui combat la conjecture de Proclus, en fait une à son tour, presque aussi arbitraire, en supposant que cette comparaison pourrait bien être empruntée à quelque philosophe de l’école de Mégare. Est-on fondé à rapporter, sans l’autorité d’aucun texte, à un Mégarique une comparaison fort naturelle en elle-même, et qui peut très-bien appartenir à Platon et à Socrate ?

Qu’il me soit permis de faire remarquer que cette première argumentation contient toute la querelle du nominalisme et du réalisme au xiie siècle. Au lieu du mot idée, mettez celui de genre, et c’est plutôt une traduction qu’un changement, et vous avez : le