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HERMOGÈNE.

C’est vrai.

SOCRATE.

Donc, comme elle a une lumière toujours nouvelle et toujours ancienne, σέλας νέον ἔνον ἀεί, on ne pouvait mieux faire que de l’appeler σελαενονεοάεια, dont on aura fait par abréviation σελαναία.

HERMOGÈNE.

En vérité, Socrate, voilà un mot dithyrambique. Mais que penses-tu des mots μείς, mois, et ἄστρα, astres ?

SOCRATE.

Μείς, qui vient sûrement de μειοῦσθαι, diminuer, aurait pu se dire proprement μείης. Les astres tirent leur nom, je crois, de leur éclat, ἀστραπή ; ce dernier mot, qui désigne ce qui attire les yeux, ἀναστρέφει τὰ ὦτα, devrait se dire proprement ἀναστρωπή ; mais on en a fait pour plus d’élégance ἀστραπή.

HERMOGÈNE.

Et ces mots, πῦρ, feu, et ὕδωρ, eau ?

SOCRATE.

Le feu m’embarrasse. J’ai peur ou que la muse d’Euthyphron ne m’ait abandonné, ou que la question ne soit bien difficile. Mais remarque, Hermogène, l’expédient que j’emploie dans toutes ces questions quand elles m’embarrassent.