ceptacle de l’idée, la mère et la nourrice de l’être sensible ; c’est elle qui, recevant en elle l’empreinte de l’idée, et façonnée sur ce modèle, produit les êtres qui ont un commencement. Timée dit encore que la matière est éternelle, mais non pas immuable. Par elle-même dépourvue de forme et de figure, il n’est pas de forme qu’elle ne reçoive ; elle devient divisible en devenant corps, et elle est de l’essence du divers : on l’appelle le lieu, l’espace. Voilà les deux principes contraires : l’idée, qui joue le rôle de mâle et de père, la matière, de femelle et de mère ; viennent au troisième rang les produits de ces deux principes. Ces trois sortes d’êtres sont connus par trois facultés différentes : l’idée, objet de la science, par l’intelligence ; la matière, qu’on n’aperçoit pas directement, mais à l’aide de l’analogie, par un raisonnement bâtard ; le produit de l’idée et de la matière, par la sensation et par l’opinion.
La raison veut que l’idée, la matière et Dieu, auteur du perfectionnement de toutes choses, soient antérieurs à la naissance du ciel. Comme le plus ancien vaut mieux que le plus jeune, et que le régulier vaut mieux que l’irrégulier. Dieu, qui est bon, voyant la matière recevoir l’empreinte de l’idée et éprouver toute espèce de changement, mais sans règle, résolut d’y introduire l’ordre, et de remplacer des changements