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CRITIAS.

chaque année ne laissaient pas comme à présent ces campagnes arides pour aller se perdre dans la mer ; mais la terre, les conservant en abondance et les recueillant dans son sein, les répandait dans les couches d’argile propres à les contenir, et, les faisant descendre des hauteurs, les distribuait dans tous les bassins, et faisait paraître en foule des sources et des fleuves : les monuments sacrés qui subsistent encore auprès de leurs lits desséchés, attestent la fidélité de ce récit. Voilà ce que la nature avait fait pour nos campagnes : elles étaient aussi cultivées par de véritables laboureurs, uniquement occupés de leur art, amis du beau et de l’honnête, jouissant d’un sol fertile arrosé d’eaux abondantes, et du climat le plus tempéré. Quant à la ville, voici comment elle était alors disposée : D’abord l’Acropolis était toute différente de ce que nous la voyons aujourd’hui. Dans une seule nuit, une pluie terrible détrempa la terre qui l’environnait, et l’emporta au loin au milieu de tremblements de terre, dans une inondation qui est la troisième avant le désastre de Deucalion. Auparavant, l’Acropolis s’étendait jusqu’à l’Héridan[1] et à l’Ilisse, comprenait le Pnyx[2], et avait

  1. Rivière de l’Attique qui descendait du mont Hymette, et se jetait dans l’Ilysse.
  2. Le lieu où se tenaient les assemblées à Athènes.