de pourvoir aux premiers besoins de la vie, que cet objet occupant toute leur attention et remplissant tous leurs discours, ils ne songeaient guère aux événements du passé ; car l’étude des choses antiques et l’habitude de s’en entretenir ne s’introduisent, dans les sociétés qu’avec le loisir, et quand un certain nombre de personnes ne s’inquiètent plus des premiers besoins de la vie. Voilà pourquoi les noms des anciens héros ont survécu au souvenir de leurs travaux. Je tire du moins cette conjecture de ce que nous apprend Solon, que dans leur relation de cette guerre les prêtres égyptiens se servaient des noms de Cécrops, d’Erechtée, d’Erichtonios, d’Erysichton, et de beaucoup d’autres antérieurs à Thésée ; et de même des noms de femmes. Et, comme les femmes partageaient alors les travaux de la guerre avec les hommes, on avait revêtu les images et les statues de la déesse d’une armure, pour indiquer que, chez tous les êtres parmi lesquels la nature a institué une société entre le mâle et la femelle, chacun d’eux est naturellement capable d’exercer aussi bien que tout autre les facultés inhérentes à l’espèce. Notre pays était alors habité par les différentes classes d’hommes qui s’occupent des métiers et de l’agriculture. Les guerriers, séparés dès le commencement par des hommes divins, habitaient à part, possédant tout ce qui
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CRITIAS.