vation. Ce que nous disons, tous tant que nous sommes, est nécessairement l’image, la représentation de quelque chose. Supposons un peintre qui aurait à représenter des objets empruntés à l’humanité ou à la nature : nous savons quelle facilité et quelle difficulté il trouve à satisfaire le spectateur par la fidélité de ses tableaux. A-t-il eu à peindre la terre, des montagnes, des fleuves, une forêt, le ciel tout entier, tout ce qu’il renferme et tout ce qui s’y meut ? nous sommes d’abord contents s’il a su en rendre à peu près quelque chose avec la moindre ressemblance ; après quoi, n’ayant aucune connaissance exacte de ces objets, nous ne songeons guère à examiner scrupuleusement ni à critiquer son tableau : une ébauche vague et trompeuse nous suffit. Mais dès qu’un peintre entreprend de représenter des êtres humains, l’habitude que nous avons d’en voir et d’en observer nous fait découvrir toutes les fautes au premier coup d’œil, et nous devenons des juges sévères pour l’artiste qui n’a pas su parfaitement rendre l’original. La même chose se voit dans les discours. Si on nous parle des choses célestes et divines, la moindre vraisemblance nous suffit. S’agit-il de nous et des choses de ce monde ? nous en faisons l’examen le plus scrupuleux. Si donc, dans ce discours que je vais improviser, il m’échappe quelque inexactitude,
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CRITIAS.