ches, les bras, toutes les parties de notre corps qui n’ont point d’articulations, et les os qui, renfermant peu d’âme dans leur moelle, sont vides de pensée, ont été entièrement recouverts de chair, tandis quelles parties où s’exerce la pensée sont moins charnues ; à moins que quelque portion de chair n’ait été disposée de manière à servir elle-même d’organe à une sensation, comme par exemple la langue : mais la règle générale est celle que nous avons établie ; [75b] car tout être formé et développé d’après les lois ordinaires de la nature ne peut avoir à la fois de gros os, beaucoup de chair et des sensations vives. La tête, plus que toute autre partie du corps, aurait réuni ces trois avantages, si cette réunion eut été possible ; et l’espèce humaine, avec une tête charnue, nerveuse et forte, aurait vécu deux fois, ou même bien des fois plus longtemps qu’elle ne le fait, exempte d’infirmités et de douleurs. Mais ceux qui nous ont fait naître, ayant à choisir pour nous entre une vie plus longue [75c] mais pire, et une vie plus courte mais meilleure, préférèrent, à une vie plus longue et plus triste, une vie plus courte, mais de tout point supérieure à l’autre. C’est pour cela qu’ils formèrent la tête d’un os mince ; et comme elle ne devait pas se plier, ils ne lui donnèrent ni chairs ni nerfs. Ces diverses causes ont fait
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