même nom ; car il ne change jamais de nature ; il reçoit perpétuellement toutes choses dans son sein, sans revêtir jamais une forme [50c] particulière, semblable à quelqu’une de celles qu’il renferme ; il est le fond commun où vient s’empreindre tout ce qui existe et il n’a d’autre mouvement ni d’autre forme que les mouvements et les formes des êtres qu’il contient. Ce sont eux qui le font paraître divers. Ces êtres qui sortent de son sein et y rentrent, sont des copies des êtres éternels, façonnées sur leurs modèles d’une manière merveilleuse et difficile à exposer, dont nous parlerons plus tard. Maintenant il faut reconnaître trois genres différents, ce [50d] qui est produit, ce en quoi il est produit, ce d’où et à la ressemblance de quoi il est produit. Nous pouvons comparer à la mère ce qui reçoit, au père ce qui fait, et au fils la nature intermédiaire ; mais il faut nous rappeler que comme les copies prennent mille aspects divers et reçoivent toutes les formes qui existent, l’être dans le sein duquel se trouve ce qui doit être ainsi façonné, ne serait pas propre à sa destination, s’il n’était pas lui-même privé de toutes les formes [50e] qu’il doit recevoir. En effet, s’il ressemble à quelqu’une de ses formes, quand viendra la forme contraire ou toute autre figure, il ne pourra la bien reproduire, puisqu’il aura lui-même un aspect qui lui est propre.
Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/701
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
TIMÉE.