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TIMÉE.

fautes, il répandit les unes sur la terre, les autres dans la lune et le reste dans les autres organes du temps. Après cette distribution, il laissa aux jeunes dieux le soin de façonner les corps mortels, d’ajouter à l’âme humaine [42e] tout ce qui lui manquait, et de diriger, autant que possible, cet animal mortel dans la voie la meilleure et la plus sage, à moins qu’il ne devienne lui-même l’artisan de son malheur.

Celui qui avait ainsi disposé toutes ces choses, demeura dans son repos accoutumé. Cependant ses enfants, comprenant l’ordre établi par leur père, s’y conformèrent ; ils prirent le principe immortel de l’animal mortel, et, imitant l’auteur de leur être, ils empruntèrent au monde des parties de feu, de terre, d’eau et d’air, [43a] qui devaient lui être rendues un jour, et les assemblèrent en un tout, non pas par des liens indissolubles, comme ceux qui unissaient les parties de leurs propres corps ; mais au moyen d’un grand nombre de chevilles, invisibles à cause de leur petitesse, ils composèrent, de ces divers éléments, chaque corps particulier, et dans ce corps, dont les parties s’écoulent et se renouvellent sans cesse, ils placèrent les cercles de l’âme immortelle. Les cercles de l’âme, comme plongés dans un fleuve, ne se laissèrent pas emporter par le courant, mais ne purent le régler, tantôt entraînés, tantôt