réellement vivants mais en repos, se prendrait à désirer de les voir entrer en mouvement et se livrer aux exercices auxquels [19c] ils sembleraient propres ; c’est là précisément ce que j’éprouve pour l’État que nous venons de décrire. J’entendrais avec plaisir quelqu’un qui me le montrerait soutenant les luttes qu’un État doit soutenir, marchant noblement au combat, et se comportant pendant la guerre d’une manière qui répondît à son éducation, soit dans l’action, soit dans le discours et dans les négociations avec les autres États. Véritablement, Critias et Hermocrate, [19d] je m’avoue incapable de jamais louer dignement de tels hommes et une telle république ; et pour moi ce n’est pas merveille. Mais j’en pense autant et des poëtes anciens et de ceux d’aujourd’hui ; non que je méprise la race des poëtes, mais il est clair pour tout le monde qu’on imite très-aisément et très-bien les choses au milieu desquelles on a été élevé, et qu’il est difficile [19e] de bien imiter par des actions et plus difficile encore par des discours ce qui est étranger à l’éducation qu’on a reçue. Pour les sophistes, je les crois experts en plusieurs sortes de discours et beaucoup d’autres belles choses, mais j’ai peur qu’errants comme ils le sont et n’ayant jamais de domicile à eux, ils ne puissent asseoir un jugement sur ce que c’est que des philosophes et des politiques, sur
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