exercice dont il parle ; et peut-être ne vois-tu pas quelle tâche tu lui imposes. Si notre réunion était plus nombreuse, il ne siérait pas de lui adresser cette prière, parce qu’il n’est pas convenable, surtout pour un vieillard comme lui, de traiter de pareils sujets en présence de beaucoup de monde ; [136e] car la foule ignore qu’il est impossible d’atteindre la vérité sans ces recherches et sans ces voyages à travers toutes choses. Maintenant, Parménide, je me joins aux prières de Socrate pour t’entendre encore une fois, après si longtemps.
À ces mots, nous dit Antiphon d’après le récit de Pythodore, celui-ci, ainsi qu’Aristote et les autres, se mirent à prier Parménide de ne pas se refuser à donner un exemple de ce qu’il venait de dire. — Allons, dit Parménide, il faut obéir, quoiqu’il m’arrive la même chose qu’au cheval d’Ibycus, [137a] vieux coursier souvent victorieux autrefois, qu’on allait encore atteler au char, et à qui son expérience faisait redouter l’événement. Le vieux poëte se désignait par là lui-même pour montrer que c’était bien à contrecœur qu’à son âge il subit le joug de l’amour[1]. Et moi aussi je tremble quand je songe, moi, vieillard, quelle foule de discussions j’ai à traverser. Ce-
- ↑ Ibycus, poëte de Regghio. Le scholiaste de Platon nous a conservé les vers auxquels il est fait ici allusion.