et leur science ne nous connaîtra jamais, ni nous, ni rien de ce qui nous appartient ; mais, de même que l’empire que nous possédons parmi nous ne nous donne aucun empire sur les dieux, et que notre science ne connaît rien des choses divines, de même et par la même raison ils ne peuvent, tout dieux qu’ils sont, ni être nos maîtres, ni connaître les choses humaines. — Mais, dit Socrate, n’est-il pas trop étrange d’ôter à Dieu la connaissance ? — C’est cependant, répondit Parménide, [135a] ce qui doit nécessairement arriver, cela et bien d’autres choses encore, s’il y a des idées des êtres subsistant en elles-mêmes et si on tente de déterminer la nature de chacune d’elles ; de sorte que celui qui entendra avancer cette doctrine, pourra soutenir, ou qu’il n’y a pas de semblables idées, ou que, s’il y en a, elles ne peuvent être connues par la nature humaine. Et cela aura tout l’air d’une difficulté sérieuse, et, comme nous le disions tout à l’heure, il sera singulièrement malaisé de convaincre d’erreur celui qui l’aura proposée. Il faudra un homme bien heureusement né pour comprendre qu’à toute chose répond un genre [135b] et une essence en soi ; et il en faudrait un plus admirable encore, pour trouver tout cela et pour l’enseigner à un autre avec les explications convenables. — J’en conviens, Parménide, dit Socrate ; je suis tout-à-fait de ton
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PARMÉNIDE.