Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est donné à chacun de vivre, ζῇν ; mais ce nom, qui est un, a été divisé en deux, ainsi que je l’ai dit. Maintenant, de dire que ce dieu est fils de Cronos (Saturne), il semble au premier abord que ce soit une impertinence[1] : mais il est naturel que Jupiter soit le fils d’une intelligence supérieure ; et en effet, le nom de Cronos est un composé de deux parties, dont la première, κόρος, signifie, non pas le fils, mais bien ce qu’il y a de plus pur dans l’intelligence, νόος. Cronos, à son tour, est, dit-on, fils d’Uranos (le ciel) : on a très bien appelé Uranie, Οὐρανία, ὁρῶσα τὰ ἄνω, la contemplation des choses d'en haut d’où vient l’intelligence pure, s’il en faut croire les hommes qui s’occupent des choses célestes, et qui trouvent que le ciel a été bien nommé Uranos. Si je me rappelais la généalogie d’Hésiode et les noms qu’il donne aux divinités dont nous venons de parler, je ne me lasserais pas de démontrer la justesse de ces noms, jusqu’à ce que j’eusse éprouvé ce que deviendrait cette sagesse, qui vient de me tomber soudainement je ne sais d’où, et si elle s’arrêterait ou non.

HERMOGÈNE.

En effet, Socrate, il semble que tu te sois

  1. Cronos, en langage familier, signifie à peu près vieux radoteur. Aristophane, Nuées, v. 926.