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voyager, et de s’éloigner de ceux à qui il donne ses soins, pour un temps assez long, à ce qu’il pense, se déterminera, s’il soupçonne que ses élèves ou ses malades ne se souviendront pas de ses prescriptions, à les leur laisser par écrit ? Ou comment s’y prendra-t-il ?

LE J. SOCRATE.

Comme tu le dis.

L'ÉTRANGER.

Mais quoi ? Si le médecin revient après avoir été moins long-temps absent qu’il n’avait prévu, ne se décidera-t-il pas, malgré les choses qu’il avait écrites, à en ordonner d’autres, s’il s’en présente qui soient meilleures pour le malade, par suite des vents ou de tout autre changement de température survenu, contre son attente, dans le cours ordinaire des saisons ? Ou persistera-t-il à penser que personne ne doit s’écarter de ce qu’il avait prescrit d’abord, ni lui-même en ordonnant autre chose, ni le malade en agissant contre ce qui est écrit, comme si cela seul était sain et médical, et que tout autre régime fût nuisible et contraire à l’art ? Si pareille chose arrivait dans une science ou dans un art véritable, l’effet de semblables ordonnances ne serait-il pas nécessairement de faire rire aux éclats ?

LE J. SOCRATE.

Nécessairement.