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SOCRATE.

Fort bien ; mais prends garde que je ne te donne le change. Il suivrait du même principe, que ce qui naît d’un roi doit être appelé roi. Au reste, il n’importe pas que la même chose soit exprimée par tel assemblage de syllabes ou bien par tel autre ; qu’il y ait une lettre de plus ou une de moins, cela n’y fait rien encore, pourvu que dans le nom domine toujours l’essence de la chose qu’il doit exprimer.

HERMOGÈNE.

Que veux-tu dire par là ?

SOCRATE.

Rien que de fort simple. Tu sais, que les noms qui nous servent à désigner les lettres, ne sont pas précisément ces lettres mêmes, excepté quatre, savoir : l’ε, l’υ, l’ο et l’ω. Quant aux autres lettres, voyelles et consonnes, tu sais que c’est en leur adjoignant d’autres lettres que nous leur donnons des noms ; mais des que nous faisons prédominer dans chacun de ces noms la lettre même qu’il désigne, on peut l’appeler à juste titre le nom propre de cette lettre. Par exemple, le βῆτα : tu vois que l’adjonction de l’η, du τ et de l’α, n’a pas empêché que la nature de la lettre β ne fut clairement exprimée par le nom tout entier, suivant l’intention du lé-