Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SOCRATE.

Véritablement, Cratyle, ce serait une plaisante aventure si les choses et leurs noms devenaient semblables en tout point. Tout se trouverait double, et il n’y aurait plus moyen de distinguer où serait le nom et où serait la chose.

CRATYLE.

Tu as raison.

SOCRATE.

Consens donc, sans hésiter davantage, brave Cratyle, à reconnaître des noms qui conviennent aux choses et d’autres qui ne leur conviennent pas ; et n’exige pas qu’ils renferment toutes les lettres nécessaires pour les rendre de tout point conformes à ce qu’ils désignent ; mais plutôt accorde-nous que, dans un mot, peut être introduite telle lettre qui ne soit pas convenable ; et si une lettre dans un mot, un mot dans la phrase ; si un mot dans la phrase, une phrase dans le discours, sans qu’il faille contester pour cela que les mots et le discours expriment la chose, du moment que l’on y trouve le caractère distinctif de cette chose, comme nous l’avons trouvé en examinant les noms des lettres ; car tu te rappelles ce que nous en avons dit précédemment Hermogène et moi.