rien garantir de tout ce que je viens d’avancer ; je n’ai fait que considérer avec Hermogène ce qui me venait à l’esprit ; as-tu quelque chose de plus satisfaisant, dis-le-moi hardiment comme il un homme disposé à recevoir tes idées. Je ne serais, d’ailleurs, nullement surpris de te voir réussir mieux que moi ; car tu me parais avoir étudié tout cela et par toi-même et dans les leçons d’autrui. Si donc tu possèdes quelque théorie meilleure, tu peux m’inscrire au nombre de tes disciples sur la question de la propriété des noms.
Il est bien vrai, Socrate, que je me suis occupé de cette question ; il se pourrait aussi que je fisse de toi mon disciple. Mais j’ai grand’peur qu’il n’arrive tout le contraire, et que je n’aie plutôt à te répondre ce que dit Achille à Ajax, dans les Prières[1] : « Fils de Télamon, divin et puissant Ajax, tout ce que tu as dit part d’un noble cœur. » Et moi, Socrate, je trouve réellement que tu parles comme un oracle, soit que tu aies pris cette inspiration auprès d’Euthyphron, soit que quelque muse habite en toi, ignorée de toi-même jusqu’à ce jour.
- ↑ C'est ainsi qu'on désignait alors l'ambassade auprès d'Achille, dans l’Iliade, liν. IX, v. 644.