pour revenir, je disais que l’auteur des noms a trouvé dans la lettre ρ un excellent instrument pour rendre le mouvement, à cause de la mobilité de cette lettre. Aussi s’en est-il souvent servi à cette fin. Il a d’abord imité le mouvement, au moyen de cette lettre, dans les mots qui expriment l’action de couler, ῥεῖν, cours, ῥοή ; en suite, dans τρόμος, tremblement, τραχύς, âpre ; dans les verbes κρούειν, frapper, θραύειν, blesser, ἐρείκειν, briser, θρύπτειν, broyer, καρματίζειν, morceler, ῥυμβεῖν, faire tournoyer ; c’est par la lettre ρ qu’il a donné à tous ces mots leur principale force d’imitation. Il avait remarqué, en effet, que c’est la lettre qui oblige la langue à se mouvoir et à vibrer le plus rapidement ; et c’est pour cette raison qu’il a dû l’employer à l’expression de semblables idées. La lettre ι convenait à tout ce qui est fin, subtil, et capable de pénétrer les autres choses ; aussi est-ce par l’ι que l’auteur des noms imite, dans ἰέναι et ἴεσθαι, l’action d’aller. C’est par les lettres sifflantes, φ, ψ, σ et ζ, qu’il rend tout ce qui présente l’idée du souffle, ψυχρόν, froid, ζέον, bouillant, σείεσθαι, agiter, et enfin σεισμός, agitation. Il emploie aussi ces mêmes lettres le plus possible quand il veut exprimer un objet gonflé τὸ φυσῶδες. Il aura également trouvé dans la pression que les lettres δ et τ font éprouver à
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