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tyle. Quant à ce qu’il dit, qu’Hermogène n’est pas véritablement ton nom, je suis tenté de croire qu’il veut plaisanter. Il entend peut-être par là que, poursuivant la richesse, elle t’échappe toujours[1]. Quoi qu’il en soit, la question, comme je l’ai dit, est difficile ; examinons-la, et voyons si c’est toi qui as raison ou bien si c’est Cratyle,

HERMOGÈNE.

Pour moi, Socrate, après en avoir souvent raisonné avec Cratyle et avec beaucoup d’autres, je ne saurais me persuader que la propriété du nom réside ailleurs que dans la convention et le consentement des hommes. Je pense que le vrai nom d’un objet est celui qu’on lui impose ; que si à ce nom on en substitue un autre, ce dernier n’est pas moins propre que n’était le précédent : de même que si nous venons à changer les noms de nos esclaves, les nouveaux qu’il nous plaît de leur donner ne valent pas moins que les anciens. Je pense qu’il n’y a pas de nom qui soit naturellement propre à une chose plutôt qu’à une autre, et que c’est la loi et l’usage qui les ont tous établis et consacrés. S’il en est autrement, je suis tout disposé à m’en instruire et à écouter Cratyle, ou qui que ce soit.

  1. Hermogène veut dire fils d’Hermès, dieu du gain. Un vrai fils d’Hermès devrait donc devenir riche, et Hermogène était resté pauvre.