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DE LA VERTU.


vertu qui brillaient en lui, si ces qualités peuvent s’enseigner ?

L’ami. Ce n’est pas probable.

Socr. C’était cependant un maître de vertu tel que tu l’avais indiqué toi-même ; mais passons à un autre. Aristide a élevé Lysimaque ; il lui a donné la meilleure éducation qu’on puisse donner pour tout ce qui peut s’enseigner ; mais il ne l’a pas rendu meilleur qu’un autre. Pour celui-là, nous l’avons vu et connu tous les deux.

L’ami. Je m’en souviens.

Socr. Tu sais que Périclès a élevé deux fils, Parale et Xantippe ; je crois même que tu as aimé l’un d’eux. Il leur a montré, tu le sais, l’équitation, la musique et tant d’autres exercices que l’art enseigne, à tel point qu’ils surpassèrent tous les Athéniens ; mais n’a-t-il donc pas voulu les rendre hommes de bien ?

L’ami. Peut-être le seraient-ils devenus, Socrate, s’ils n’étaient pas morts dans leur jeunesse.

Socr. Tu as raison de prendre le parti de ton bien aimé. Mais si la vertu pouvait s’enseigner, et si Périclès avait pu rendre ses fils vertueux, il leur aurait inculqué sa propre vertu bien avant de leur montrer la musique et d’autres exercices. Je crains fort qu’elle ne puisse s’enseigner, puisque Thucydide a aussi élevé deux fils, Mélésias et Stéphanos, pour qui tu n’auras pas les mêmes excuses à alléguer ; car tu sais que l’un d’eux a vécu jusqu’à la vieillesse et que l’autre a atteint un âge beaucoup plus avancé encore. Ils avaient reçu la plus belle éducation, et entre autres, c’étaient les meilleurs lutteurs d’Athènes ; l’un était élève de Xantias et l’autre d’Eudore, les deux plus habiles maîtres en ce genre.

L’ami. C’est vrai.

Socr. Or, n’est-il pas évident, si la vertu pouvait être