Socr. La vertu peut-elle s’enseigner ou ne le peut-elle pas ? Et les hommes vertueux le sont-ils naturellement ou autrement ?
L’ami. Je ne saurais te le dire actuellement, Socrate.
Socr. Eh bien ! examinons la question de cette manière : si quelqu’un voulait acquérir cette vertu qui fait le bon cuisinier, comment s’y prendrait-il ?
L’ami. Il est évident qu’il devrait s’instruire auprès des bons cuisiniers.
Socr. Et s’il voulait être bon médecin, près de qui irait-il chercher des leçons ?
L’ami. Près de quelque habile médecin apparemment.
Socr. Et pour acquérir la vertu qui fait les bons charpentiers ?
L’ami. Chez les charpentiers.
Socr. Et la vertu qui fait les hommes vertueux et sages, où faut-il aller pour l’apprendre ?
L’ami. Si elle peut s’enseigner, ce ne peut être ailleurs que chez les hommes vertueux.
Socr. Voyons ! nomme-moi les hommes vertueux de notre pays pour que nous nous assurions si ce sont eux qui rendent vertueux.
L’ami. Thucydide, Thémistocle, Aristide et Périclès.