dans ce séjour et y célèbrent les saintes cérémonies. Ne seras-tu pas le premier à jouir de cet honneur, toi, l’allié de Cérès et de Proserpine ? C’est là, dit-on, qu’Hercule et Bacchus ont été initiés quand ils descendirent aux enfers, encouragés dans cette audacieuse entreprise par la prêtresse d’Éleusis. Ceux dont la vie s’est passée à mal faire sont traînés par les Furies à travers le Tartare, dans les ténèbres et le chaos, séjour des impies, où sont le tonneau toujours vide des Danaïdes, la soif de Tantale, les entrailles toujours déchirées de Tytie, le rocher sans cesse retombant de Sisyphe, obligé de recommencer toujours ses travaux. Léchés par les serpents, brûlés par les torches des Peines, déchirés par mille fouets, ils subissent d’éternels châtiments. Tels sont les récits de Gobryes, Axiochus ; vois ce que tu dois en penser : pour moi, ma raison ne me permet pas d’y ajouter foi ; et je ne suis parfaitement sûr que d’une chose, c’est que toute âme est immortelle, et que celle qui sort de ce séjour terrestre est heureuse. Ainsi, soit dans le ciel, soit aux enfers, tu seras nécessairement heureux, Axiochus, si tu as été vertueux.
Axioch. Je rougis de te parler encore, Socrate ; je suis si éloigné maintenant de craindre la mort, que j’en ai plutôt un vif désir. Ce que tu viens de me dire sur les enfers, et ce que tu m’avais dit du ciel, m’a tout à-fait persuadé, et je méprise la vie puisque je dois passer dans un séjour plus heureux. Je vais réfléchir seul sur tes paroles ; mais à midi tu reviendras me voir, Socrate.
Socr. Volontiers, Axiochus ; je vais, en attendant, continuer ma promenade jusqu’au Cynosarge, où j’allais quand on m’a appelé près de toi.