adolescents, à l’âge où la contrainte est plus insupportable encore, viennent le lycée, l’académie, les maîtres de gymnastique, avec leur cortège de verges et de peines de toutes sortes. Tout le temps de la jeunesse s’écoule sous des gouverneurs et sous la surveillance de l’aréopage[1]. Ces ennuis passés, d’autres arrivent : il faut songer à choisir une carrière ; et auprès des chagrins qui les attendent alors, ceux dont nous parlions ne paraissent plus que des jeux et des épouvantails de petits enfants. Des campagnes, des blessures, des combats continuels. Puis insensiblement survient la vieillesse qui réunit toutes les faiblesses et toutes les misères de l’humanité. Tardez-vous un peu à payer votre dette à la nature, comme une usurière impatiente, elle prend en gage à l’un la vue, à l’autre l’ouïe, souvent tous les deux ensemble. Si vous vous obstinez, elle vous paralyse, vous estropie, vous ôte l’usage de votre corps. Quelques-uns se soutiennent jusque dans un âge très avance, mais leur esprit retombe dans l’enfance. Aussi les dieux, qui connaissent nos misères, ne prolongent point la vie de ceux qu’ils protègent. Agamède et Trophonius, après avoir élevé un temple à Apollon Pythien, demandèrent le plus grand bien possible, et après s’être endormis ils ne se réveillèrent plus. La prêtresse d’Argos avait demandé à Junon de donner à ses fils ce qui pouvait leur arriver de plus heureux, parce qu’un jour que ses chevaux n’arrivaient point ils s’étaient eux-mêmes attelés au char de leur mère et l’avaient conduite jusqu’au temple : tous deux moururent dans la nuit. Il serait trop long de réciter les passages des poètes, qui, dans leurs chants les plus divins, peignent les malheurs
- ↑ Une des attributions de l’aréopage était la surveillance de l’éducation.