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LETTRE VII.

se passa jusqu’à cette époque. Ces événements durent m’éclairer sur les dispositions de Denys pour la philosophie, et je pouvais librement manifester mon mécontentement. Car on était en été ; la navigation était ouverte, et il me sembla que j’avais moins à me plaindre de Denys que de moi-même et de ceux qui m’avaient forcé de passer [345e] une troisième fois le détroit de Scylla

Et de revoir la funeste Charibde[1].

Je résolus donc de dire à Denys qu’il m’était impossible de rester tant que Dion serait l’objet d’outrages aussi injustes. Mais il chercha à m’apaiser et me conjura de rester : il ne voulait pas que j’allasse sitôt porter moi-même la nouvelle de ce qui se passait. Cependant, voyant qu’il ne pouvait me persuader, il me dit qu’il se chargeait lui-même des préparatifs [346a] de mon départ. Pour moi, je voulais m’embarquer sur un bâtiment de transport, résolu de partir à tout prix ; car je n’avais donné à Denys aucun sujet de se plaindre de moi, et j’avais beaucoup à me plaindre de lui. Mais Denys, me voyant bien décidé à ne pas rester, usa du subterfuge suivant pour me retenir. Le lendemain du jour où je lui avais déclaré ma résolution, il vint me trouver et me tint ce discours spécieux : « L’affaire de Dion, me dit-il, est la seule cause de nos divisions ; [346b] terminons-la. Voici ce que je ferai pour lui par amitié pour toi. Je lui rends ses biens ; mais il restera dans le Péloponnèse, non comme un exilé, mais avec la liberté de revenir à Syracuse quand le moment de son retour aura été convenu entre lui, moi et vous, ses amis, sous la condition toutefois qu’il n’entreprendra rien contre moi. Vous m’en serez garants, toi, tes amis et ceux des parents de Dion qui se trouvent ici. Dion vous donnera

  1. Homère, Odyssée, XII, 428.