l’exécution de ce dessein présentait pour toi, [319e] pour Syracuse et pour toute la Sicile ! Si tu prétends n’avoir point tenu les discours que tu as véritablement tenus, j’ai de quoi te confondre. Si tu en conviens, tu n’as qu’à suivre le sage exemple de Stésichore[1] dans sa palinodie, et faire succéder la vérité au mensonge.
Je crois avoir montré dans toutes les circonstances un assez vif intérêt aux événements actuels, et travaillé avec assez de zèle à leur heureuse issue, sans autre motif que l’amour pour la gloire attachée aux bonnes actions ; [320b] car je trouve juste que les hommes véritablement honnêtes et qui mettent en pratique leurs principes recueillent la réputation qu’ils méritent. Jusqu’ici, grâce à Dieu, tout va bien ; mais l’avenir nous réserve une lutte très difficile. D’autres peuvent se distinguer par la valeur, la vitesse, la force ; mais quand on a certaines prétentions, on doit particulièrement posséder l’amour de la vérité, la justice, la magnanimité, [320c] et la dignité qui accompagne ces vertus. Ces vérités sont évidentes ; mais n’oublions pas que certaines personnes (tu sais de qui je veux parler) doivent s’élever au-dessus des autres
- ↑ Stésichore, poète lyrique qui perdit la vue, dit-on, pour avoir fait une satire contre Hélène, et la recouvra après avoir chanté la palinodie, dans laquelle il désavouait son premier poème.