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NOTES

ment dans l’espace de vingt-trois années, que les traits d’Aristophane ne portaient évidemment pas sur Socrate, et que le Socrate des Nuées ne ressemblait en rien au Socrate réel. Et on répète avec une confiance parfaite les mots de Socrate dans l’Apologie, « qu’on l’accuse à faux de s’occuper de physique et d’astronomie, et qu’il n’en sait pas un mot et n’y a jamais pensé. » Mais contre l’Apologie nous avons un témoignage sans réplique, le Phédon où Socrate avoue que dans sa jeunesse il était très-passionné pour les recherches de physique. Il faut lire avec soin ce passage du Phédon, car c’est une défense véritable des Nuées. Socrate s’y donne pour avoir été à peu près tel que le grand comique le représente, avec l’exagération et la haute bouffonnerie propres à la première comédie. Mais tard, il est vrai, Socrate renonça à ses premières études et quitta les spéculations physiques et cosmologiques pour la philosophie morale, jusqu’alors fort négligée. Lui-même nous raconte dans le Phédon comment l’étude des phénomènes extérieurs considérés en eux-mêmes ne le satisfit pas, et comment il chercha un point de vue plus élevé et plus intellectuel. Ce point de vue fut le Νοῦς d’Anaxagore, qui devint pour Socrate et par Socrate la vraie Providence. De là l’étude des lois morales substituée à celle des lois physiques et toute la seconde époque de la vie de Socrate. La première justifie les