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ADDITIONNELLES.

entier (témoin l’affaire d’Anaxagore et de plusieurs autres physiciens), éclata enfin lorsqu’il vit Socrate proclamer, à la place des divinités consacrées, une providence supérieure qui se manifeste dans la nature par les causes finales auxquelles se rapportent les phénomènes extérieurs, et dans l’homme, dans Socrate, par exemple, par la voix intime de la conscience, organe immédiat et incorruptible de la divinité, unique intermédiaire (c’est le sens du mot Δαίμων), qui dispense de recourir à l’intermédiaire officiel de la religion établie et de ses ministres. Ce fut surtout l’accusation d’impiété qui accabla Socrate : la religion menacée rallia autour d’elle l’état compromis et l’art insulté. Or, les réponses équivoques de l’Apologie ne sont rien moins que satisfaisantes sur l’article de l’impiété, et il y a quelque chose d’absurde aujourd’hui à vouloir défendre Socrate d’avoir été en effet peu orthodoxe, et le premier héraut de la révolution dont il fut le martyr, et à laquelle il a attaché son nom. Si Socrate avait eu la piété de Xénophon, il serait mort dans son lit ; mais l’adorateur impie d’un dieu inconnu, le prophète d’une foi nouvelle devait finir comme il a fini. Disons-le nettement : en attaquant le paganisme, sur lequel reposait l’état dans l’antiquité, Socrate ébranlait l’état ; devant l’état il était coupable. Or Aristophane, excellent citoyen, gardien et vengeur