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vérité sous une forme qui la manifeste à la fois et qui la cache, qui éclaire et qui trompe, qui commence par instruire, et qui peut devenir une source d’erreur, si l’on s’arrête à l’apparence. Le symbole est essentiellement ironique, comme la nature elle-même qui dit oui et non tout à la fois, et nous transmet la beauté à travers des difformités plus ou moins grandes, que l’œil sensible, s’il n’est pas éclairé par l’intelligence, peut prendre pour la beauté elle-même. De la le fond d’ironie inhérent au paganisme et à toute religion qui, s’adressant à l’esprit par les sens, peut rester en chemin et ne pas aller au-delà des sens ; ironie que la nature semble avouer elle-même dans quelques-unes de ses productions qu’il est impossible de prendre pour son dernier mot, que les religions païennes exprimaient dans plusieurs fêtes et dans la partie grotesque de leur culte, et que les mystères révélaient aux initiés. Mais l’ironie de la nature ne se révèle qu’à un bien petit nombre. Le culte païen, accompagné des mystères, était déjà, on peut le dire, plus instructif que la nature, et éclairait mieux qu’elle sur le principe sacré caché sous les formes. Mais dans l’ironie de Socrate, la vérité était bien plus transparente; c’était une manière de faire penser beaucoup plus intellectuelle. Platon, en l’idéalisant encore, l’a rendue si certaine dans ses effets, qu’après lui elle est devenue