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légère couleur locale. On sent que son auteur n’a jamais été en Egypte. Encore une fois, les traditions de l’Orient, celles des pythagoriciens, par leur antiquité, leur renommée de sagesse, leur caractère religieux et les vérités profondes qu’elles renfermaient, avaient charmé Platon, comme tous les grands esprits de tous les siècles, et servaient de base à ses conceptions. C’était pour ainsi dire l’étoffe de sa pensée; mais il l’arrangeait librement, comme il convenait à un Athénien et à un élève de Socrate : pour la forme de la pensée, l’unique et le véritable antécédent de Platon est l’esprit attique représenté par Socrate. Or, la manière de penser modifie essentiellement la pensée, et produit une pensée nouvelle. — Mais si Socrate inspire Platon, il ne l’enchaîne pas. Platon ne s’arrête pas plus à Socrate qu’il ne s’était arrêtéx à l’Orient et à Pythagore. Tout comme il avait porté le flambeau libéral de l’esprit socratique dans les té-nèbres sacrées du mysticisme, de même il élève les habitudes de Socrate à la hauteur d’une méthode, il idéalise la conversation en dialectique, et voilà comment d’emprunts en emprunts et d’améliorations en améliorations il parvient à être lui-même infiniment supérieur à Socrate qu’il agrandit, aux traditions antiques qu’il éclaircit, et que parti de l’Egypte il arrive, , ensuivant et en réfléchissant en lui tous les degrés de