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régné sur la Perse, et souvent sur l’Asie, comme aujourd’hui ; au lieu que nos aïeux n’ont été que de simples particuliers comme nous. [121b] Si tu étais obligé de montrer à Artaxerce, fils de Xerxès, tes ancêtres et la patrie d’Eurisacès, Salamine, ou Égine, celle d’Éaque, plus ancien qu’Eurisacès, quel sujet de risée ne lui donnerais-tu pas ? Mais voyons si nous ne sommes pas aussi inférieurs du côté de l’éducation que du côté de la naissance. Ne t’a-t-on jamais dit quels grands avantages ont, en cela, les rois de Lacédémone, dont les femmes sont, en vertu d’une loi, gardées par les Éphores, afin qu’on soit assuré, autant qu’il est possible, qu’elles ne donneront des rois que de [121c] la race d’Hercule ? Et, sous ce rapport, le roi de Perse est encore si fort au-dessus des rois de Lacédémone, que personne n’a seulement le soupçon que la reine puisse avoir un fils qui ne soit pas le fils du roi ; c’est pourquoi elle n’a d’autre garde que la crainte. A la naissance du premier né, qui doit monter sur le trône, tous les peuples de ce grand empire célèbrent cet événement par des fêtes, et, chaque année, le jour de la naissance du roi est un jour de fêtes et de sacrifices pour toute l’Asie ; tandis que nous, [121d] lorsque nous venons au monde, mon cher Alcibiade, on peut nous appliquer ce mot du poète comique :