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une impiété. Dans les poètes, la religion était au service de l’imagination; dans les philosophes, elle se laissait exploiter par la raison et la science qui mettaient à contribution ses traditions, et y puisaient avec respect et indépendance. Dans le Phèdre, le mythe montre bien une âme attachée à la religion de son pays, pleine de respect pour les mystères qui en devaient être la partie la plus profonde ; mais on y reconnaît un philosophe qui, selon l’école de Pythagore, au lieu de s’asservir à la tradition, s’en sert comme d’une forme pour ses propres idées. J’y trouve sans doute un caractère orphique, mais surtout un caractère pythagoricien ; encore ce caractère est plutôt dans l’idée de mettre les formes de la religion au service de la philosophie, et dans un certain nombre de points importants, que dans l’ensemble, et dans la donnée fondamentale laquelle est tout-à-fait propre à Platon. En effet le fond du mythe est la théorie des idées. Les idées sont en Dieu, au-delà du monde et au-delà du ciel ; leur lieu est l’intelligence divine; c’est le λόγος divin avec lequel le λόγος humain tend à s’identifier par la contemplation des idées, et qui, en langage symbolique, est la prairie céleste où croît l’aliment dont se nourrissent les ailes de l’âme. Les idées sont le dernier but de l’âme; pour y arriver, il faut qu’ elle traverse le monde et même le