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PAGE 152. — La figure est, de toutes les choses qui existent, la seule qui va toujours avec la couleur.

Ἔστω γὰρ δὴ ἡμῖν τοῦτο σχῆμα, ὃ μόνον τῶν ὄντων τυγχάνει χρώματι ἀεὶ ἑπόμενον. BEKK., p. 335.

Gedicke veut qu'on lise σώματι au lieu de χρώματι,

1° parce que la figure peut être conçue sans couleur, mais non pas sans corps; 2° parce que Socrate, qui dit ici que la figure est de toutes les choses celle qui va toujours avec la couleur, aurait fait un cercle en définissant ensuite la couleur une émanation de la figure. Je réponds que la figure abstraite et mathématique peut bien être conçue sans couleur par la raison, maia non la figure réelle et naturelle qu'il est impossible à l'imagination et à la sensibilité de se représenter non colorée. Or, la définition de la figure, comme inséparable de la couleur, ne considère que la figure réelle et non la figure en soi; elle ne s'adresse qu'à la sensibilité et à l'imagination : et c'est pour cela qu'elle est non pas fausse, mais imparfaite ; et elle pouvait l'être, car elle n'est là que pour servir de degré et de préparation à la vraie définition abstraite et rationnelle de la figure en tant que borne du solide. C'est là le dernier et le vrai mot de Platon. Il est possible que la première définition ne lui appartienne point ; mais quand même on