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était alors dans toute sa vie. C'est précisément par cela même qu'on devait la moins connaître. L'heureux emploi d'une langue et l'intelligence de sa nature et de ses procédés, sont deux choses qui sont presque toujours en raison inverse l'une de l'autre. Or, convaincu que Platon devait bien connaître l'instrument qu'il employait avec tant de génie, et pourtant forcé de convenir que la plupart des étymologies du Phèdre sont arbitraires et fausses, Ast conclut par cela même que Platon ne les donne pas sérieusement, et que tout ceci n'est qu'une ironie; et il se moque des critiques qui se sont mis sérieusement à réformer les étymologies de Platon. Cette explication va trop loin; car, à ce compte, il faudrait entendre aussi d'une manière ironique toutes les étymologies répandues dans les autres dialogues de Platon, et qui ne valent guère mieux que celles-ci ; il faudrait entendre ironiquement tout le Cratyle. C'est un grand luxe d'ironie. Ensuite, parmi les étymologies de Platon, toutes ne sont pas absurdes, et l'ironie doit avoir ses limites. Comment les reconnaître? D'ailleurs, sans donner son secret et démasquer son ironie, ordinairement Platon la laisse entrevoir. Ici nous n'en apercevons aucune trace, et Platon a bien l'air de parler sérieusement, comme dans le Cratyle. Nous croyons donc que Platon a été de son siècle ; qu'il a eu l'idée profonde de rechercher