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ALCIBIADE.

Non certainement.

SOCRATE.

Et n'est-ce pas sur ces choses-là que tu dis toi-même que tu es flottant et incertain ?

ALCIBIADE.

Oui.

SOCRATE.

Et cette incertitude, d'après ce que nous avons dit, n'est-elle pas une preuve que, [118b] non-seulement tu ignores les choses les plus importantes, mais que, les ignorant, tu crois pourtant les savoir ?

ALCIBIADE.

J'en ai bien peur.

SOCRATE.

O dieux ! en quel état déplorable es-tu, Alcibiade ! je n'ose le nommer. Cependant, puisque nous sommes seuls, il faut te le dire : mon cher Alcibiade, tu es dans la pire espèce d'ignorance, comme tes paroles le font voir, et comme tu le témoignes contre toi-même. Voilà pourquoi tu t'es jeté dans la politique avant de l'avoir apprise. Et tu n'es pas le seul qui soit dans cet état ; il t'est commun avec la plupart de ceux qui se mêlent des affaires [118c] de la république : je n'en excepte qu'un petit nombre, et, peut-être, le seul Périclès, ton tuteur.