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nalité et de toute critique, les vices de l'école y paraissent davantage et mettent à découvert son vrai caractère. Aux yeux d'Hermias il n'y a rien dans le Phèdre qui n'ait un sens, une raison cachée, il demande une idée profonde aux moindres détails, il impose une intention aux mots les plus indifférents. On ne saurait dire, et il faut voir par soi-même, dans quel abîme de subtilités le jette cet idéalisme mal entendu, pour quelques vues heureuses qu'il lui suggère de loin en loin.

PAGE 9. — Par Junon, le charmant lieu de repos.

Croirait -on que dans cette peinture gracieuse et dans toute l'introduction, Ast ne voie que de l'ironie et un persiflage de la sentimentalité de Phèdre, qui se complaît trop dans le spectacle du monde extérieur et néglige la pensée? Le but de Platon en plaçant la scène du dialogue au milieu d'une nature pleine de charmes, dans la saison de l'amour, sur les bords d'un fleuve consacré aux Muses, et tout près d'un temple destiné aux mystères, est évidemment de préparer l'âme aux discours qui vont suivre sur l'amour et l'inspiration, et de la disposer au ton de l'enthousiasme et du dithyrambe. Mais comme le sujet définitif de l'entretien n'est pas l'amour, mais bien la substitution de l'étude de la philosophie à celle de la rhétorique et