rencontre, et leur crie d’avoir bon courage, que je ne les abandonnerai pas. Ce fut là pour moi une plus belle occasion encore d’observer Socrate que la journée de Potidée ; car ici j’étais le moins exposé, me trouvant à cheval. Je remarquai d’abord combien il surpassait [221b] Lachès en présence d’esprit : de plus, je trouvai qu’il marchait, pour parler comme toi, Aristophane, là tout comme dans nos rues d’Athènes, l’allure superbe et le regard dédaigneux[1]. Il considérait tranquillement et les nôtres et l’ennemi, et montrait au loin à la ronde par sa contenance un homme qu’on n’aborderait pas sans être vigoureusement reçu. Aussi se retira-t-il sans accident, lui et son compagnon : car celui qui montre de telles dispositions dans un combat n’est pas d’ordinaire celui qu’on attaque ; [221c] on poursuit plutôt ceux qui fuient à toutes jambes.
Il serait facile de rapporter à l’éloge de Socrate un grand nombre d’autres faits non moins admirables : peut-être cependant trouverait-on à citer de la part d’autres hommes de pareils traits de vertu. Mais ce qu’on ne peut assez admirer en lui, c’est de ne ressembler à personne, ni
- ↑ Expressions appliquées à Socrate par le chœur des Nuées d’Aristophane, v. 36.