Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/777

Cette page a été validée par deux contributeurs.
323
LE BANQUET.

vait contenir [214a] plus de huit cotyles[1]. Après l’avoir fait remplir, il le vida le premier, et le fit ensuite servir à Socrate. Au moins, s’écria-t-il, qu’on n’entende pas malice à ce que je fais là ; car Socrate aurait beau boire autant qu’on voudrait, il n’en serait jamais plus ivre pour cela. L’esclave ayant rempli le vase, Socrate but ; Alors Éryximaque prenant la parole : Voyons un peu, Alcibiade, que voulons-nous faire ? [214b] Resterons-nous là à boire, sans parler, ni chanter ? et ne ferons-nous que nous remplir de vin tout uniment comme des gens qui ont soif ? — Alcibiade répondit : Ô Éryximaque, digne fils du meilleur et du plus sage père, salut ! — Salut à toi aussi, reprit l’autre ; mais, enfin, que ferons-nous ? — Nous ferons tout ce que tu nous prescriras. Il est juste qu’on fasse ce que tu ordonnes.

Car un médecin vaut lui seul plus que beaucoup d’autres[2].

Ainsi, fais-nous savoir tes intentions. — En ce cas, écoute-moi, dit Éryximaque. Avant ton arrivée, nous étions convenus que chacun à son tour, en commençant par la droite, [214c] parlerait sur

  1. Le cotyle était à peu près notre demi-setier.
  2. Homère. Iliade, liv. XI, v. 514.