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LE BANQUET.

donnait dans nos entretiens sur l’amour. Une fois elle me dit : D’où proviennent, à ton avis, Socrate, cet amour et ce désir ? N’as-tu pas observé dans quelle crise étrange se trouvent tous les animaux volatiles et terrestres, quand arrive le désir d’engendrer ? comme ils sont malades, [207b] et en peine d’amour, d’abord quand ils ont à s’accoupler entre eux ; ensuite quand il s’agit de nourrir leur progéniture ; toujours prêts pour sa défense, même les plus faibles, à combattre contre les plus forts et à mourir pour elle, s’imposant la faim et mille autres sacrifices pour la faire vivre ? À l’égard des hommes, on pourrait dire que c’est par raison qu’ils agissent ainsi : mais les animaux ! pourrais-tu me dire d’où leur viennent [207c] ces dispositions si amoureuses ? — Je répondis que je l’ignorais. — Et te flatterais-tu, reprit-elle, d’entendre jamais rien à l’amour, si tu ignores une pareille chose ? — Mais, Diotime, je te le répète, c’est pour cela même que je m’adresse à toi, sachant que j’ai besoin de leçons. Explique-moi donc la cause de ce phénomène et de tous ceux qui se rapportent à l’amour. — Eh bien, dit-elle, ma question ne doit point t’embarrasser, si tu crois que naturellement l’objet de l’amour est celui que nous lui avons plusieurs fois re-