quelques-uns plutôt que d’autres ? — C’est ce dont je suis moi-même surpris. — Il ne faut point t’en étonner : nous distinguons une espèce particulière de l’Amour et nous l’appelons amour, du nom de tout le genre, tandis que pour les autres espèces nous employons divers autres termes. — Je voudrais quelque exemple de ceci. — Un exemple ? Le voici. Tu sais que poésie[1] est un mot qui renferme bien des choses : il exprime en général la cause qui fait passer du non être à l’être quoi que ce soit : de sorte que toute invention est poésie, et que tous les inventeurs sont poètes. — Cela est vrai. — Tu vois cependant qu’on ne les qualifie pas tous de poètes, mais qu’on leur donne divers autres noms ; et, que de tout ce qui est poésie, une seule partie prise à part, celle de la musique et de la métrique a reçu le nom de tout le genre. C’est cette partie seule, et ceux qui s’y livrent, qu’on appelle poésie et poètes. — À merveille, Diotime. [205d] — De même en est-il de l’amour : en somme, c’est tout désir des bonnes choses, c’est pour
- ↑ Ceci est plus intraduisible encore que le passage, p. 286, 287, Ποιήσις est proprement l’action de faire, et par conséquent en général toute invention ; mais ce mot signifiait plus habituellement l’action particulière de faire des vers et de la musique.