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LE BANQUET.

entre les uns et les autres, et l’Amour est de ce nombre. La sagesse est une des plus belles choses du monde, or l’Amour est amoureux de ce qui est beau, d’où il suit que l’Amour est amoureux de la sagesse, c’est-à-dire philosophe, et qu’à ce titre il tient le milieu entre sage et ignorant. Tout cela, par le fait de sa naissance : car il vient d’un père sage et qui est dans l’abondance, et d’une mère qui n’est ni l’un ni l’autre. Telle est, mon cher Socrate, la nature de ce démon. [204c] Quant à l’idée que tu t’en formais, elle ne me surprend point. Tu te figurais, si j’ai bien saisi le sens de tes paroles, que l’Amour est l’objet aimé, non le sujet aimant ; et c’est, je pense, pour cela que l’Amour t’a semblé si beau ; car tout objet aimable est par cela même beau, charmant, accompli, céleste ; mais ce qui aime doit être conçu autrement, et je l’ai peint sous ses vraies couleurs. — Eh bien, soit, étrangère. Tu raisonnes à merveille : mais l’Amour étant tel que tu viens de le dire, de quelle utilité est-il aux hommes ? [204d] — C’est à présent, Socrate, reprit-elle, ce que je vais tâcher de t’apprendre. Nous savons ce que c’est que l’Amour, d’où il vient, et que la beauté, comme tu le dis, est son objet. Si quelqu’un maintenant venait nous dire : Socrate, Diotime, qu’est-ce que l’amour de la