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LE BANQUET.

que je t’aie rien dit d’approchant ? — Je te le montrerai aisément. Réponds-moi, je te prie. Ne dis-tu pas que tous les dieux sont beaux et heureux ? ou oserais-tu dire qu’il y a un dieu qui ne soit ni heureux ni beau ? — Non, par Jupiter. — N’appelles-tu pas heureux ceux qui possèdent les belles et bonnes choses ? — Ceux-là seulement. [202d] — Mais précédemment tu es convenu que l’amour désire les belles et les bonnes choses, et que le désir est une marque de privation. — J’en suis convenu en effet. — Comment donc, reprit Diotime, se peut-il que l’amour soit dieu, étant privé de ce qui est bon et beau ? — Il faut que j’avoue que cela ne se peut — Ne vois-tu donc pas bien que tu penses que l’amour n’est pas un dieu ? — Quoi, lui répondis-je, est-ce que l’amour est mortel ? — Je ne dis pas cela. — Mais enfin, Diotime, dis moi qu’est-il donc ? — C’est comme je te le disais tout à l’heure, quelque chose d’intermédiaire entre le mortel et l’immortel. — Mais quoi enfin ? — C’est un grand démon, Socrate, et tout démon tient le milieu [202e] entre les dieux et les hommes. — Quelle est, lui demandai-je, la fonction d’un démon ? — D’être l’interprète et l’entremetteur entre les dieux et les hommes apportant au ciel les vœux et les sacrifices des