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LE BANQUET.

en second lieu, d’une chose qui lui manque. [201a] — J’en conviens, dit Agathon. — Souviens-toi maintenant, reprit Socrate, de quoi tu as dit que l’Amour est amour. Si tu veux, je t’en ferai souvenir. Tu as dit, ce me semble, que les différends des dieux ont été arrangés par l’amour de la beauté, car il n’y a pas d’amour de la laideur. N’est-ce pas ce que tu disais ? — Oui. — Et avec raison. Selon tes propres paroles l’amour est l’amour de la beauté ? — Sans doute. [201b] — Or, ne sommes-nous pas convenus que l’Amour désire les choses qu’il n’a pas ? — Nous en sommes convenus. — Donc l’Amour manque de beauté. — Il le faut conclure. — Eh bien, appelles-tu beau ce qui manque de beauté, ce qui ne possède la beauté d’aucune manière ? — Non certainement. — S’il en est ainsi, reprit Socrate, assures-tu encore que l’Amour est beau ? — J’avoue, répondit Agathon, que je n’avais pas bien compris ce que je disais. [201c] — Tu parles sagement, Agathon, reprit Socrate : mais continue un peu à me répondre. Te paraît-il que les bonnes choses soient belles ? — Il me le paraît. — Si l’Amour manque de beauté, et que le beau soit inséparable du bon, l’Amour manque donc aussi de bonté. — Il en faut demeurer d’accord, Socrate ; car il n’y a pas moyen