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LE BANQUET.

y a de juste et d’impie dans les inclinations humaines. Ainsi il est vrai de dire en général que l’amour est puissant, et même que sa puissance est universelle. Mais c’est quand il s’applique au bien, et qu’il est réglé par la justice et la tempérance, tant à notre égard qu’à l’égard des dieux, qu’il montre toute sa puissance et nous procure une félicité parfaite, nous faisant vivre en paix les uns avec les autres, et nous conciliant la bienveillance des dieux, dont la nature est si relevée au-dessus de la nôtre.

« J’omets peut-être [188e] beaucoup de choses dans cet éloge de l’amour, mais ce n’est pas volontairement. C’est à toi, Aristophane, à suppléer ce qui m’a échappé. Si pourtant tu veux honorer le dieu autrement, tu es libre de le faire. Commence donc, puisque ton hoquet est cessé. »

[189a] Aristophane répondit : « Il est cessé en effet, mais ce n’a pu être que par l’éternuement ; et j’admire que la bonne disposition du corps demande un mouvement comme celui-là, accompagné de bruits et d’agitations ridicules ; car le hoquet a cessé aussitôt que j’ai eu éternué. — Prends garde, Aristophane, à ce que tu fais, dit Éryximaque ; tu es sur le point de parler et tu plaisantes à mes dépens. Sais-tu, mon cher,