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LE BANQUET.

s’opposant à elle-même, produit l’accord, par exemple l’harmonie d’un arc ou d’une lyre. Il est absurde que l’harmonie soit une opposition, ou qu’elle résulte de choses opposées ; mais apparemment Héraclite entendait que c’est de choses d’abord opposées, [187b] comme le grave et l’aigu, et ensuite mises d’accord, que la musique tire l’harmonie. En effet, tant que le grave et l’aigu restent opposés, il ne peut y avoir d’harmonie ; car l’harmonie est une consonnance, la consonnance un accord, et l’accord ne peut pas se former de choses opposées, tant qu’elles demeurent opposées ; l’opposition, tant qu’elle ne s’est pas résolue en accord, ne peut donc produire l’harmonie. C’est encore de cette manière que les longues [187c] et les brèves, qui sont opposées entre elles, lorsqu’elles sont accordées, composent le rythme ; et cet accord dans tout cela c’est la musique, comme plus haut la médecine, qui l’établit, en unissant les opposés des liens de la sympathie et de l’amour. La musique est donc la science de l’amour en fait [187d] de rythme et d’harmonie. Et il n’est pas difficile de reconnaître l’amour dans la constitution même du rythme et de l’harmonie ; là, il n’y a point deux amours ; mais lorsque la musique entre en rapport avec les hommes,