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LE BANQUET.

la fin, je crois devoir les achever. J’approuve fort la distinction qu’il a faite des deux amours ; mais je crois avoir découvert par mon art, la médecine, que l’amour ne réside pas seulement dans l’âme des hommes, où il a pour objet la beauté, mais qu’il a bien d’autres objets encore, et qu’il se rencontre aussi dans la nature corporelle, dans tous les animaux, dans les productions de la terre, en un mot dans tous les êtres, [186b] et que ce dieu se montre grand et admirable en toutes choses, soit divines, soit humaines. Je commencerai par la médecine, afin d’honorer mon art.

« La nature corporelle contient les deux amours ; car les parties du corps qui sont saines, et celles qui sont malades, constituent des choses dissemblables, lesquelles ont des inclinations dissemblables. L’amour qui réside dans un corps sain est autre que celui qui réside dans un corps malade, et la maxime que Pausanias vient d’établir, qu’il faut complaire à un ami vertueux [186c] et résister à celui qui est animé d’une passion déréglée, cette maxime s’applique au corps : un habile médecin doit la pratiquer, céder aux bons tempéraments et combattre ceux qui sont dépravés. C’est en cela que consiste la médecine ; car, pour le dire en peu de mots, la médecine est la