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LE BANQUET.

chée, de même y a-t-il une autre espèce de servitude volontaire qui ne peut jamais être blâmée : c’est celle où l’on s’engage pour la vertu. On croit chez nous que, si un homme s’attache à en servir un autre, dans l’espérance de se perfectionner par son moyen dans une science ou dans quelque partie de la vertu, cette servitude n’est point honteuse et ne s’appelle point de l’adulation. Il faut que l’amour se traite [184d] comme la philosophie et la vertu, si l’on veut qu’il soit honnête de favoriser celui qui nous aime ; car, si l’amant et l’aimé s’aiment tous deux à ces conditions, savoir que l’amant, en reconnaissance des faveurs de celui qu’il aime, sera prêt à lui rendre tous les services qu’il pourra lui rendre convenablement ; que l’aimé, de son côté, pour reconnaître le soin que son amant aura pris de le rendre sage et vertueux, aura pour lui toutes les complaisances convenables ; [184e] et si l’amant est véritablement capable d’inspirer la vertu et la sagesse à ce qu’il aime, et que l’aimé ait un véritable désir de se faire instruire ; si, dis-je, toutes ces conditions se rencontrent, c’est alors uniquement qu’il est honnête de se donner à qui nous aime. L’amour ne peut pas être permis pour quelque autre raison que ce soit. Alors il n’est point honteux d’être trompé. Partout ailleurs il y a de