Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/697

Cette page a été validée par deux contributeurs.
243
LE BANQUET.

regardez-moi ainsi que mes amis comme des hôtes que vous auriez vous-mêmes invités. [175c] Enfin faites tout de votre mieux, et tirez-vous-en à votre honneur.

Nous commençâmes donc à souper, et Socrate ne venait point. Agathon perdait patience, et voulait à tout moment qu’on l’appelât ; mais j’empêchais toujours qu’on ne le fît. Enfin Socrate entra, après nous avoir fait attendre quelque temps, selon sa coutume, et comme on avait à moitié soupé. Agathon, qui était seul sur un lit au bout de la table, le pria de se mettre auprès de lui. Viens, dit-il, Socrate, que je m’approche de toi le plus que je pourrai, pour tâcher d’avoir ma part [175d] des sages pensées que tu viens de trouver ici près ; car je m’assure que tu as trouvé ce que tu cherchais, autrement tu y serais encore. Quand Socrate eut pris place : Plût à Dieu, dit-il, que la sagesse, Agathon, fût quelque chose qui pût passer d’un esprit dans un autre, quand on s’approche, comme l’eau qui coule à travers un morceau de laine d’une coupe pleine dans une coupe vide ! S’il en était ainsi, [175e] ce serait à moi de m’estimer heureux d’être auprès de toi, dans l’espérance de me remplir de l’excellente sagesse que tu possèdes ; car pour la mienne, c’est quelque chose de bien médiocre et de fort