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LE BANQUET.

je tiens ce que j’en sais de celui-là même qui l’a conté à Phénix, je veux dire d’Aristodème[1], de Cydathène[2], ce petit homme qui va toujours nu-pieds. Il était présent, et c’était alors, à ce qu’il me semble, un des hommes qui étaient le plus épris de Socrate. J’ai quelquefois interrogé Socrate sur des choses que cet Aristodème m’avait racontées, et leurs récits étaient d’accord. — Que tardes-tu donc, me dit Glaucon, à me raconter cet entretien ? Pouvons-nous mieux employer le chemin qui nous reste d’ici à Athènes ? — J’y consentis, et nous causâmes de tout cela le long du chemin. [173c] C’est ce qui fait que, comme je vous disais tout à l’heure, je ne suis pas mal préparé, et il ne tiendra qu’à vous d’entendre ce récit : aussi bien, outre le profit que je trouve à parler ou à entendre parler de philosophie, il n’y a rien au monde où je prenne tant de plaisir, tout au contraire des autres discours. Je me meurs d’ennui quand je vous entends, vous autres riches et gens d’affaires, parler de vos intérêts ; et je déplore votre aveuglement : vous pensez faire merveilles, [173d] et en vérité vous ne faites rien de bon. Peut-être vous

  1. Xénoph. Mem. I, 4.
  2. Dème de la tribu Pandionis.