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LE BANQUET.

comme d’une chose arrivée depuis peu, et comme si j’avais pu y être présent. — Je le croyais. — Comment, lui dis-je, Glaucon[1] ne sais-tu pas qu’il y a plusieurs années qu’Agathon n’a mis le pied dans Athènes ? Pour moi, il n’y a pas encore trois ans [173a] que je fréquente Socrate, et que je m’attache à étudier toutes ses paroles et toutes ses actions. Avant ce temps-là, j’errais de côté et d’autre ; je croyais mener une vie raisonnable, et j’étais le plus malheureux de tous les hommes, m’imaginant, comme tu fais maintenant, qu’il fallait s’occuper de toute autre chose plutôt que de philosophie. — Allons, point de raillerie ; dis-moi quand eut lieu cette conversation. — Nous étions bien jeunes toi et moi ; ce fut dans le temps qu’Agathon[2] remporta le prix avec sa première tragédie, et le lendemain du sacrifice d’actions de grâces qu’il fit avec ses choristes. — Tu parles de loin ; mais de qui sais-tu ce qui fut dit dans cette assemblée ? Est-ce de Socrate ? [173b] — Non, par Jupiter, lui dis-je ;

  1. Est-ce le frère de Platon ?
  2. Voyez le Protagoras. Aristoph. Grenouilles, 84 ; Thesmoph. 59. Aristot. Poétique. Elien, Var. Hist., XII, 4. Plutarque, Banquet, III, i. Athen. V. Platon a parfaitement conservé, dans le discours qu’il lui prête, l’élégance molle et un peu maniérée que lui reproche Aristophane.