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les prophètes et les devins dont on vient de parler, [99d] et tous ceux qui ont le génie poétique[1] : et nous serons pour le moins aussi bien fondés à accorder ce titre aux politiques, les regardant comme des hommes saisis d’enthousiasme, inspirés et animés par la divinité, lorsqu’ils réussissent en parlant sur bien des affaires importantes, sans avoir aucune science sur ce qu’ils disent.

MENON.

Assurément.

SOCRATE.

Aussi les femmes, Menon, appellent-elles divins les hommes vertueux ; et les Lacédémoniens, quand ils veulent faire l’éloge d’un homme de bien, disent : C’est un homme divin[2].

[99e] MENON.

Et il est évident, Socrate, qu’ils ont raison, quoique peut-être Anytus s’offense de tes discours.

SOCRATE.

Je ne m’en mets pas en peine : je m’entretiendrai avec lui une autre fois, Menon. Pour ce qui nous regarde, si dans tout ce discours nous

  1. Voyez le Phèdre, l’Ion et l’Apologie.
  2. Aristote fait aussi mention de cette habitude des Lacédémoniens. Mor. Nicom. VII, 1.